(Président de la L.I.C.A.)
Jean Pierre-Bloc, président directeur général d'Universal-Publicité et capacitaire en droit et
ancien journaliste. Rédacteur de nombreux journaux de la France d'Outre-mer, il collabora au
"Populaire" et fut secrétaire de Jeunesse socialiste en 1932.
Elu conseiller général de l'Aisne en 1934, if fut maire de Laon (Aisne) en 1935 et député de
l'Aisne en 1936.
Jean Pierre-Bloch s'engagea en 1939 et fut fait prisonnier de guerre. Evadé, il organisa le
premier parachutage d'armes en France. Condamné à mort par le Gouvernement de Vichy, il gagna Londres.
Commissaire adjoint d'Intérieur du Gouvernement provisoire de la République française, Jean Pierre-Bloch
fut réélu député et conseiller général de l'Aisne à la Libération.
Président de la Société nationale des Entreprises de Presse de 1946 à 1953, il est vice-président du
Comité d'Action de la Résistance et président du Comité français pour le Monument d'Auschwitz.
Jean Pierre-Bloch est également l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels: "L'Affaire Frankfurter",
"Charles de Gaulle", Mes jours heureux", "Liberté et Servitudes de la Presse", "Les Causes politiques de
l'Antisémitisme en France", "Sept ans de la S. N. E. P.", "Le Vent souffle sur l'Histoire", "Carnetd'un
voyage en Israël", "Kroutchev en France", "Algérie terre des occasions perdues".
Président de la Ligue internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme depuis janvier 1969, Jean
Pierre-Bloch est directeur du journal "le Droit de vivre", organe central de la L. I. C. A.
... qui remonterait le cours du temps, l'anniversaire de sa mort, dix ans déjà, fait surgir en moi une multitude d'images jusqu'à celle de notre première rencontre en 1930, aux réunions du parti socialiste, aux meetings de la LICA.
Jeune député en 1928, il avait pris à la Chambre une place de premier choix. Il s'était imposé par son activité morale indiscutable, par son talent. Brillant orateur, il soulevait l'enthousiasme des auditeurs à une époque où la réunion politique assurait l'élection.
Nous nous sommes retrouvés à la Chambre en 1936. Il était déjà un ancien: président de commission, ministre. D'autres, sans doute, évoqueront l'homme politique, le premier président d'Air France, le grand serviteur de la République. Pour ma part, je ne veux parler que du résistant, du grand patriote, l'homme qui, à une époque où la Résistance n'était qu'à ses premiers balbutiements, reçut le premier parachutiste des services anglais. Dans la nuit du 5 au 6 mai 1941, les services anglais lancent sur la France le premier parachutiste français Georges Bégué, chargé d'organiser les premiers comités de réception d'armes et d'hommes. Il est lancé d'un Whitley du Flight 1419, au-dessus de la campagne, à 17 kms environ au nord de Châteauroux, c'est-à-dire à deux pas de la propriété où vivait Max Hymans avec sa femme et ses enfants.
La mission était d'importance. Il faut s'imaginer ce qu'étaient les premiers gestes de la Résistance à cette époque pour comprendre le courage de Max Hymans. Les amis qui vous considéraient comme fou dangereux, d'autres comme un traître. Les anciens camarades politiques - ceux de Max Hymans et les miens - qui changeaient de trottoir pour ne pas avoir à vous dire bonjour.
Max Hymans, qui devient "Frédéric", se lance sans hésiter dans l'aventure, malgré les risques que cela fait courir à sa famille et à lui-même. Les services anglais désirent que le premier parachutage d'hommes et d'armes ait lieu le plus rapidement possible. Georges explique comment on doit s'y prendre pour choisir un bon terrain, et comment il le ferait savoir à Londres.
A quelque temps de là, réfugié en Dordogne, je reçois un mot de Max: "Viens me voir, j'ai quelque chose à te dire". Il avait aussi quelqu'un à me faire rencontrer, un certain Jacques arrivé récemment de Londres par l'Espagne, chargé de nous préciser les éléments de notre mission, et ce fut l'aventure, la grande aventure. Max Hymans, avec un courage sans faille, forme le réseau. Il trouve les courvertures, les pseudos. Avec un esprit d'organisation magnifique, il met tout en place. Le 10 octobre, eut lieu en France, à Villamblard, le premier parachutage d'hommes et d'armes. Un monument, près de Bergerac, le rappelle: "En ces lieux, eut lieu le premier parachutage d'hommes et d'armes organisé par Max Hymans..." et le nom de ses amis.
Si vous passez dans cette belle partie de la forêt périgourdine, entre Périgueux et Bergerac, à Saint-Jean-d'Estissac, n'oubliez-pas Max Hymans.
Pour tous ceux l'ont connu, aimé, Max Hymans demeurera comme un témoin particulièrement émouvant des moments cruciaux où le sacrifice à la patrie était volontaire.
Max Hymans, c'était la vie, c'était le mouvement. Il l'a prouvé, et de quelle façon, en devenant le premier président directeur général d'Air France.
J. Pierre-Bloch.
Ancien ministre,
vice-président du comité d'action de la Résistance.
